InnerSpace
A mi-chemin entre Shadow of the Colossus et Journey, InnerSpace propose une aventure aérienne teintée de recherches et de mystères. C’est avant tout par l’intermédiaire de la plateforme de financement participatif Kicksarter que le projet de Tyler Tomaseski a réellement vu le jour en 2014. Après avoir récolté assez de dons pour valider les investissements, il aura fallu quelques longues années de travail supplémentaire avant que le studio Polyknight Games se sente enfin prêt à publier le jeu sur toutes les consoles actuelles, y compris la dame au double visage, à savoir la Nintendo Switch.
Le jeu vidéo cherche toujours plus à libérer totalement le joueur de ses entraves en le poussant à s’exprimer pleinement à travers un gameplay ouvert et non cloisonné. Si les premiers open world avait pour ambition de délier complètement les liens qui bloquaient les joueurs dans leur progression, ils gardaient tout de même une structure relativement conventionnelle, obligeant ces derniers à se déplacer d’un A vers un point B pour valider une mission et avancer dans l’histoire, apportant toujours cette sensation de linéarité que les développeurs peinent toujours à éradiquer totalement.
C’est en partant de cette idée que Tyler Tomaseski et son équipe ont choisi de poser les bases d’InnerSpace. Les ambitions du studio étaient avant tout de proposer un équilibre stable entre l’exploration et la narration, toujours dans ce but d’harmoniser au mieux ces deux parties de l’expérience. Si de nombreux développeurs ont tenté par le passé de créer une cohésion semblable, rares sont ceux à y être parvenus totalement. Reste donc à savoir, si dans le cas présent, le studio Polyknight Games a atteint ses objectifs en annihilant cette dichotomie.
Un point sur l'univers
Bienvenue dans l’Inverse, un étrange monde construit sous la forme d’une multitude de sphères qui sont liées les unes aux. Dans cet univers où les règles de la gravité et de la physique du mouvement ne sont pas similaires aux nôtres, il existe une source d’énergie très puissante appelée le Vent et qui nourrit toutes les formes de vie de l’environnement. C’est aussi grâce à elle qu’une ancienne civilisation très avancée avait pu mettre au point une technologie puissante utilisée dans les intérêts de leur société.
Seulement aujourd’hui, l’Inverse n’abrite plus que les ruines de cette culture déchue. Malgré tout, la vie continue de prospérer et de s’adapter à tous les changements grâce à des demi-dieux qui veillent sur chaque sphère de cette planète. Le joueur, assisté par le mystérieux Archéologue, aura donc pour but d’explorer ce monde et d’y dénicher tous les indices lui permettant de comprendre les raisons qui ont amené les Anciens à leur inéluctable chute.
Voler, c'est le symbole de la liberté
Pour percer les mystères qui entourent cette oeuvre, le joueur est équipé uniquement d’une voilure, qui lui offre l’opportunité de voler à travers les environnements du jeu à sa convenance, mais aussi à naviguer sous les eaux. Ici, toute notion de bas et de haut n’existe pas, ce sont des règles abstraites qui régissent l’univers d’InnerSpace. Ainsi, les mouvements du joueur sont libérés d’une certaine manière puisqu’il peut diriger sa voile dans toutes les directions possibles et sans aucune contrainte.
En faisant ce choix, les développeurs cassent toutes les règles qui imposent de suivre par défaut une certaine forme de logique dans les contrôles d’un jeu vidéo. Bien que cette approche, qui n’est pas conventionnelle, nécessite un certain temps d’adaptation pour être correctement maîtrisée, elle permet surtout aux joueurs de ressentir une certaine forme de légèreté et de fluidité dans les mouvements du planeur et qui donne cette sensation de vouloir aller toujours plus loin sans aucune limite. Il est néanmoins dommage que cette version Switch souffre de grosses baisses de framerate, surtout dans les zones plus ouvertes et qui, par la même occasion, affectent à la fois la fluidité de l'exploration, mais aussi la qualité de l’immersion.
C’est surtout dans la partie autour de l’exploration que le titre de Polyknight Games se démarque et qu’il en devient très intéressant. En effet, pour conserver de la cohérence le studio texan avait dans l’idée de ne pas forcer le joueur à suivre un chemin prédéfini. Ce qu’il faut comprendre par là, c’est qu’à la manière du dernier Zelda, les développeurs ont fait en sorte que l’aspect exploratif ne soit rendu possible que par la volonté du joueur. Ainsi, le jeu n’apporte quasiment aucune notion d’aide pour le guider dans sa mission de cartographe à travers ces environnements où le contaste entre les couleurs chaudes et froides se fait ressentir tout au long de l'aventure.
En partant de cet état d’esprit, le studio renforce cette idée de recherche et de découverte, deux émotions qui amènent forcément vers de la satisfaction. Cette explosion d'idées folles est sublimée par un level design, diablement ingénieux, qui repose sur cette idée que l'espace de l'Inverse n'est pas défni par les règles que nous conaissons et qui désorientent complètement le joueur l'obligeant à comprendre naturellement le fonctionnement de ce monde. Cette notion de mystère est également appuyée par une ambiance sonore qui joue sur des sonorités discrètes, scintillantes et qui vont avoir une influence importante sur l'environnement du jeu, ce qui n'est sans rappelé le style du studio thatgamecompagny.
On sent clairement que Tyler Tomaseski et son équipe ont apporté un soin tout particulier à la construction du jeu pour entrer en parfaite symbiose avec cette idée et les ambitions initiales du studio et cela relève tout simplement du génie.
Un gameplay efficace, mais qui manque de profondeur
InnerSpace, c'est aussi un jeu qui va apporter une sructure narrative très liée à l'exploration. Le joueur doit ainsi extraire des reliques qui vont témoigner des activités du passé. C'est avec l'aide d'un sonar et surtout de la curiosité que ce dernier pourra déceler toutes ces antiquités, car il ne faudra pas hésiter à parcourir les moindres recoins de l'environnement et interagir avec les nombreux éléments pour ouvrir des passages secrets qui mèneront vers ces trésors. Aussi, le studio a choisi de lier subtilement le background au gameplay en offrant l'opportunité aux joueurs d'améliorer leur planeur via ces reliques.
Unr fois encore, PolyKnight Games joue la carte du volontariat. En effet, il n'est pas imposé aux joueurs de trouver toutes ces reliques dans le jeu, mais c'est par elle que la narration va prendre forme et que les secrets liés à l'Inverse vont s'éclaircir. Ainsi, le joueur va créer sa propre expérience et ne va jamais subir l'histoire, c'est un concept qui n'est pas inédit, mais qui fait toujours son effet.
Malheureusement, InnerSpace souffre d'un défaut majeur qui va obscurcir tout le potentiel du titre. Les sensations offertes par l'expérience manquent cruellement de profondeur. Ce qu'il faut comprendre par rapport à ça, c'est qu'à aucun moment, l'aventure ne va véritablement transporter le joueur vers des émotions fortes. Cela se perçoit surtout lors des affrontements contre les demi-dieux qui s'avèrent très inégaux dans l'ensemble.
Dans cette partie du jeu, on ressent très vite les inspirations de Shadow of the Colossus, mais l'atmosphère mélancolique qui se dégage du titre de Fumito Ueda est nettement plus maîtrisée que pour InnerSpace, notamment grâce au travail effectué sur les colosses qui prennent vie de façon magistrale devant nos yeux. Dans le cas présent, ce qui fait défaut aux titre de Tyler Tomaseski, c'est que ces face à face avec ces créatures gigantesques n'amènent aucune émotion, la faute surtout à une action, bien trop statique et aux éléments ludiques quasi inexistants pour tenir le joueur en haleine. Cet aspect devient problématique quand on sait que toute la partie autour des demi-dieux est tout simplement l'élément central du jeu, il est fort regrettable de ne pas avoir pris plus de temps dans le traitement de ces confrontations.
Avis final : 80/100
InnerSpace est un jeu qu'on a envie d'aimer et de chérir, mais malgré ça, la sauce ne prend pas comme on le voudrait. Si les développeurs ont su amener une véritable cohésion à l'ensemble, ils ont néanmoins omis d'apporter des sentiments dans cette oeuvre pour ne pas la rendre monotone et terne. Ressentir cette aventure, ce monde, ses mystères, ses métaphores ou son allégorie, ce sont juste ces petits éléments qui manquent à cette oeuvre pour devenir une référence. Néanmoins, il serait cruel de conclure ce test sur cette note négative, car après tout, comme pour Zelda Breath of the Wild, InnerSpace pose les bases de cette nouvelle génération de jeux d'exploration qui n'impose aucune règle aux joueurs pour progresser. Ainsi, il ne vas pas subir cette aventure, il va la vivre et va même pouvoir s'exprimer à travers elle, et cette qualité n'est clairement pas négligeable.
Vidéo de gameplay
InnerSpace version Switch
Commentaires
-
- 1. Fandeswitch Le Mar 16 jan 2018
Je trouve qu'il n'y a pas assez de GRAS DANS L'ARTICLE. -
- 2. TataPaulette Le Mar 16 jan 2018
J'aime beaucoup ce petit camaïeu de gras dans votre article.
J'emploi une technique un peu similaire avec mes napperons.
Mais je dois dire que vous semblez être un maître en la matière.
J'ai rarement l'occasion d'affirmer que la forme arrive à dépasser le fond ! -
- 3. DESBEN Le Mer 17 jan 2018
Merci pour les commentaires Et sinon vous avez un avis à donner sur le jeu ? -
- 4. Pomario Le Ven 19 jan 2018
Vous avez jouer a des Zelda c'est En Rouge Bleu ect... Pour montrer un point important du texte pour lire plus vite.
Donc ton test est intéressant et le donne envie
Ajouter un commentaire